« Réparer les vivants » de Maylis de Kerangal

Voici un livre qu’une amie vient de m’offrir et que j’ai lu avec la gorge nouée.

L’écriture hachée (une virgule tous les 5 mots et des phrases qui font une page et demi !), émaillée de mots vulgaires, semble le langage d’un ado en urgence. En tout cas pas de la grande littérature, pas de phrases qui chantent à l’oreille ou qui coulent comme une eau rafraîchissante.

Et pourtant nous sommes dans l’eau au début de l’histoire avec un garçon d’une vingtaine d’années qui surfe avec ses copains.

En revenant au petit matin, épuisés et transis, ils ont un accident et notre héros traverse le pare-brise de la camionnette.

Commence alors pour les médecins une course contre la montre et contre les parents de ce jeune pour arriver à leur faire admettre un prélèvement d’organes.

Là l’auteur pose de bonnes questions, toutes celles que l’on peut se poser dans de pareilles circonstances, les pour et les contre, les humaines et les inhumaines, les soutenables et les insoutenables, avec toujours cette langue urgente et saccadée et hors d’haleine.

J’ai eu la gorge nouée presque du début à la fin parce que l’on croise tous les satellites qui tournent autour de ce jeune homme : ses parents, sa petite sœur, sa petite amie... qui tous apprennent plus ou moins vite le drame qui s’est joué cette nuit-là et qui le vivent comme des gens qui aiment c'est-à-dire avec une douleur incommensurable.

Le point de vue des médecins évidement n’a rien à voir, pas de sentiments, pas d’états d’âmes ! Un corps, des pièces de rechanges pour d’autres corps et voilà !

Il parait qu’on étudie ce livre au collège. Je trouve cela bien dur pour nos jeunes, et de se positionner sur le sujet et de vivre ce drame de l‘intérieur.

Parce que l'on vit réellement de l'intérieur tous ces évênements. Je suis sidérée par les connaissances de l'auteur, on dirait qu'elle est médecin urgentiste, qu'elle est surfeuse professionnelle, qu'elle est infirmière de bloc opératoire... elle connait tout ! On est dans la vague, on est dans la tête de l'infirmier ou du médecin, on est aussi dans la tête des parents et là c'est moins confortable.

(Merci quand même Dominique, il fallait le lire mais j’ai bien pleuré dessus !

J’ai commencé le deuxième livre que tu m’as offert et je le trouve beaucoup plus distrayant et gai ! J’en parlerais après lecture.)

Comments

[DominiqueL.]

TON commentaire est parfait !!!

[DominiqueL.]

Super !!! Je t'avais dit que c'était un livre particulier, avec une écriture particulière. Mais c'est un livre qui touche ... on commentaire est d'ailleurs parfait.

Bizzz sous la pluie. L'automne arrive.