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Au fil des pages avec Monique
11 avril 2016

L’horreur à Nagasaki

Je viens de tomber sur un livre, écrit par un médecin, professeur à Nagasaki, spécialisé dans des recherches sur les atomes, qui a vécu l’explosion de la bombe atomique à Nagasaki  le 9 août 1945.

« Les cloches de Nagasaki » de Paul Nagaï

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Un an plus tard il écrit ce livre, lui-même largement affecté dans son corps et ayant failli mourir à plusieurs reprises.

Le premier souffle de l’explosion tue instantanément les gens exposés directement. Il n’épargne que les gens dans les bâtiments en béton (ou creusant un tunnel dans la terre, comme un professeur et ses étudiants) bien que les vitres, pulvérisées par la bombe, fassent elles-mêmes d’énormes dégâts. Les objets s’envolent puis retombent sur tout et tous, les poutres éventrées transpercent les corps, les plafonds écrasent tout en retombant. Les vêtements brûlent dans la seconde et les corps sont dépouillés.

Les effets à retardement:  nausées, fatigue extrême au bout de trois jours, mycoses dans la bouche, troubles digestifs et mort dans les 8 jours qui suivent. Des hémorragies, de grands désordres dans le sang au niveau des globules blancs, puis la perte des cheveux suivent. Quatre semaines plus tard les gens meurent à nouveau comme des mouches. Les globules blancs détruits en sont la cause.

Quelques minutes après l’explosion, quand les hommes et les femmes de cette histoire se sont remis (mais s’en remet-on jamais) du choc, qu’ils ont rassemblés leurs idées, qu’ils se sont rendu compte qu’ils étaient blessés mais en vie, ils se demandent ce qu’ils doivent faire. Alors notre professeur et les rares rescapés de l’école de médecine vont s’employer à chercher des survivants, les soigner comme ils peuvent avec les rares médicaments qui ne sont pas détruits. Pendant des jours, des semaines ils vont aller de village en village aider ceux qu’ils peuvent en surmontant leurs propres douleurs, leurs propres faiblesses, leurs blessures, leurs chagrins.

La femme du professeur est morte, brulée dans sa maison. Ses enfants absents ont échappés à l’horreur.

Chez lui, le professeur Nagaï n’a retrouvé que quelques rares objets : des médailles militaires fondues ensembles, le christ d’un crucifix brulé, la boucle en porcelaine d’une ceinture de sa femme,  puis dehors (enfin là où était le potager) une fleur bleue, une seule ! mais quelle merveille ! La  vie qui  renait ! Ensuite il arrêtera de fouiller, la douleur des souvenirs que procure chaque vestige de son passé sorti de terre est trop vive.

Et sa fille ne pleurera plus jamais, ses enfants ne diront plus jamais maman.

La vie pourtant est plus forte.

Le 24 décembre les habitants vont découvrir dans les décombres de leur cathédrale dédiée à la Vierge, les deux cloches du clocher détruit. La grande est fêlée, la petite, qui ne sonnait que pour les fêtes est intacte ! Tous ceux qui tiennent debout vont s’échiner à la soulever avec un palan providentiel et la voilà qui sonne l’angélus du soir, qui par le biais de ce bruit familier, de ce son d’autrefois, d’avant l’horreur, d’avant le cataclysme, d’avant la mort sonne l’espoir de tout un peuple qui renait de ses cendres.

Et notre auteur, infirme, continue de croire que la paix est la plus raisonnable des solutions, que les morts ne sont pas morts pour rien, que leur « sacrifice »  a épargné d’autres millions de décès puisqu’à la suite de cette explosion atomique l’Empereur du Japon signa la paix.

Paul Nagaï demande aux enseignants qui s’occupent de ses enfants de les guider après lui sur le chemin de la raison et de l’amour de l’autre parce que jamais la guerre n’a été une solution.

Impressionnante cette lecture !

Ce sont les mots d’un témoin, pas d’un historien lambda !

 Je savais l’histoire de l’explosion des bombes au Japon, comme tout le monde, et pas dans ses détails ! Mais je ne savais pas ça !

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